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Libération
TRIBUNE

Le calcul de ceux qui disent parler au nom du peuple

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publié le 24 avril 2012 à 19h06

Le score saisissant (17,9%) obtenu par Marine Le Pen, à l’issue du premier tour de la présidentielle, confirme la séduction qu’exerce la rhétorique populiste des partis d’extrême droite sur un électorat dont l’inquiétude et la peur n’ont cessé d’être instrumentalisées depuis plusieurs années par le parti au pouvoir. Il est le résultat d’une confusion assumée, entre la droite et l’extrême droite, dont il convient de mesurer le jeu et la portée redoutable.

Qu’est-ce qui fait, en effet, l’essence de leur populisme commun ? Ce n’est pas seulement de prétendre parler «au nom du peuple» et de s’adresser à lui directement dans un face-à-face qui ne trouve sa légitimité qu’à critiquer toutes les médiations notamment institutionnelles, à récuser donc tout ce qui pourrait venir s’interposer entre celui qui parle (Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen) et ceux dont il entend porter la voix. C’est au moins autant d’alimenter et d’exploiter la peur qu’engendrent toutes les insécurités de la vie par la division et l’exclusion. Voilà la ligne qui rapproche depuis des mois la droite de l’extrême droite et distingue leurs discours si proches de celui des autres formations politiques.

Comme on le sait, la notion de peuple est ambivalente. Elle peut désigner, en un premier temps, en un sens rousseauiste, le corps des citoyens, le souverain, dont la volonté générale est indivisible. Elle peut signifier aussi une communauté qu’unirait une histoire et une culture communes - une «identité», en d’autres ter