On est le 10 mai 2017 et, sur la scène du Balajo, la toute nouvelle présidente de la République s'en donne à coeur joie. Marine Le Pen vient de réussir à entraîner son père, 89 ans, dans un rock à lui démantibuler la clavicule. Le vieil homme y consent à condition qu'en échange, elle accepte de se laisser mener par le coude pour un mambo, un chacha et une rumba.
C’est le jour de gloire de ce couple aux rapports de force inversés. Si le vieil homme ne boude pas son plaisir, pour aboutir à l’Elysée, sa fille a du tuer sous elle les archaïsmes racistes et antisémites qu’il continue à proférer. Il est loin le temps où la benjamine née en 1968 se sentait obligée de valider, minimiser ou excuser les saillies du matamore. Désormais, Marine prive Jean Marie de micro ou lui envoie de faux journalistes qui recueillent des anathèmes qu’elle s’empresse de trapper pour mieux cultiver une islamophobie pateline, un laïcisme de bon sens.
Le Balajo a été choisi pour finir d’accomplir l’OPA sur l’esprit de la Bastille, de 36 et du musette. Et tant pis si depuis, le dancing est devenu très salsa cubaine. Sur la piste, se déhanchent les militants de toujours, disgraciés rassérénés par le vote, acrimonieux touchés par la grâce de l'élection, agriculteurs sans terre mais toujours avec fusils de chasse, rurbains affolés par le silence pavillonnaire, soldats perdus des guerres oubliées qui ont déposé le barda de leurs échecs.
Danse du ventre
Dans la coulisse, le répertoire est tout autre. La jeunesse