Lundi soir, à la sortie du meeting de Nicolas Sarkozy à Saint-Cyr-sur-Loire, près de Tours, un dirigeant UMP lâche, sur le mode du second degré : «Ça me rappelle ma jeunesse frontiste…» C'était censé être de l'humour. Une façon d'évacuer un climat pesant. Mais une sortie qui fait mouche : y compris pour les leaders de la droite, les discours de Nicolas Sarkozy ont des accents empruntés de plus en plus au FN. C'en est tellement troublant qu'on est en droit de se demander ce qui différencie encore Marine Le Pen du candidat UMP.
Gémellité. Certes, en matière de programme, on peut encore répondre : presque tout. Elle est en faveur d'un référendum sur la peine de mort, pour un protectionnisme national, envisage la sortie de l'euro et plaide pour l'immigration zéro. Rien de tout cela n'existe dans le programme UMP. Mais en matière de discours, la gémellité est devenue frappante. Mêmes thèmes, mêmes saillies, même agressivité. Haro sur les élites, «la gauche caviar», les syndicats, les assistés, la fraude sociale… A entendre le président-candidat, la France a peur. Elle vit sous la menace de «perdre son mode de vie». L'immigration met en péril la viabilité de notre modèle social. Et l'islamisation de la société frappe à notre porte. Seule grande différence : Le Pen accuse ouvertement les flux migratoires, tandis que Sarkozy ne fait que le suggérer. La digue républicaine du candidat UMP tient en une phrase qu'il répète souvent : «L'immi