Cette élection présidentielle 2012 est plus complexe qu’il n’y paraît. Envisagée par beaucoup comme un «référendum pour ou contre Sarkozy» déterminé par la personnalité et le bilan du président sortant, elle ne saurait manifestement être réduite à cette équation. L’aspiration à la justice sociale, la contestation du système, les prises de position droitières du président de la République, la colère des «oubliés de la démocratie», tout cela peut avoir compté dans le vote du 22 avril, qui s’est traduit électoralement par un double phénomène : vote à gauche (43,76% pour l’ensemble des voix de gauche contre 36% en 2007) et vote antisystème (Le Pen et Mélenchon : 29,01%). L’enseignement qui s’en dégage est simple et décisif : le premier tour a été pour une large part déterminé par un «phénomène de ciseau». Dans leur majorité, les Français expriment des préoccupations sociales ; mais, dans leur majorité également, ils se réfèrent à des valeurs de droite. C’est cette tension qui gouverne, également, l’entre deux tours que nous connaissons aujourd’hui.
Des préoccupations majoritairement sociales
Le premier registre est manifeste. Il est frappant par son ampleur. Tout d'abord, les électeurs déclarent en priorité avoir fait leur choix électoral pour un projet (44%), puis pour changer de politique (29%) ou pour l'appartenance politique du candidat (28%). La volonté de «sanctionner Nicolas Sarkozy» n'apparaît qu'en cinquième position (18%). Dans cet esprit, les e