Certains intellectuels plutôt positionnés à droite ont la franchise de dire leur désarroi et leur incapacité à formuler une pensée structurée en ces temps politiques troublés. Ainsi Alain Finkielkraut préfère-t-il attendre l'après-second tour pour s'exprimer. «Pour l'heure, mes impressions sont un peu contradictoires, elles ne méritent pas de passer à la postérité.» L'essayiste et ex-eurodéputé UDF Jean-Louis Bourlanges se dit «perplexe» : «Le FN a toujours posé un problème moral. Or, les Français sont en train de nous dire que ceci appartient au passé. Pour moi, c'est l'antagonisme politique qui prend aujourd'hui le relais du tabou moral. Pour la première fois, le FN est porteur d'un projet politique (nationalisme, protectionnisme…) et celui-ci est totalement opposé à celui des centristes et de l'UMP !»
Ce tabou, d'autres semblent s'en accommoder. Arguant, en gros, que la fin justifie les moyens. Jean-Claude Casanova, directeur de la revue Commentaire et président de la Fondation nationale des sciences politiques balaie tous ces états d'âme. «J'en ai vu d'autres, notamment Mitterrand, passer de l'extrême droite à l'Union de la gauche. Sarkozy mène son jeu électoral. Il va là où sont ses réserves de voix, que voulez-vous qu'il fasse d'autre ?»
L'écrivain Denis Tillinac, chiraquien devenu sarkozyste, ne dit pas autre chose. Il a même publié hier dans le Figaro une lettre ouverte invitant Marine Le Pen à soutenir Nicolas Sark