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TRIBUNE

La géographie du FN, une carte aux contours de plus en plus nets

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Tribunes 2012dossier
(Dessin Alain Brillon)
par Béatrice Giblin, Géographe, Institut français de géopolitique, université Paris-8 et directrice de la revue Hérodote Paris-8 et directrice de la
publié le 25 avril 2012 à 19h06

Le score élevé de Marine Le Pen, 17,9%, a surpris une fois encore. En termes de voix, la progression du FN est impressionnante compte tenu d’un taux de participation plus élevé : Marine Le Pen a rassemblé 6,5 millions de voix contre 4,8 millions pour son père en 2002. Rappelons que Jean-Marie Le Pen avait obtenu 4,3 millions de voix en 1988, 4,5 millions en 1995 et même 5,5 millions avec les voix du dissident Mégret. Précisons aussi qu’en dix ans le nombre des électeurs inscrits est passé de 41 à 46 millions.

Habilement, les thèmes choisis cette fois pour la campagne étaient centrés autant sur les questions économiques et sociales (chômage, pouvoir d’achat, délocalisation, mondialisation) que sur celles de l’insécurité et de l’immigration. Avec, pour ce dernier thème, un nouvel angle d’attaque qui fait mouche: la menace que ferait peser l’immigration musulmane sur les valeurs de la nation. Dénonçant les prières dans la rue et la viande halal dans les cantines, Marine Le Pen s’est emparée à sa manière de la défense de la laïcité au grand dam des militants de cette noble cause, masquant ainsi le thème de l’identité nationale.

Ces thèmes ont convaincu nombre d’électeurs : les fidèles, les revenants floués par la politique sarkozyste et les nouveaux - jeunes pour la plupart, voire pour certains diplômés mais sans emploi. Peut-on penser que ce score historique est surtout lié à la crise économique en Europe, ce qui alimente son rejet ? Sauf en Ile-de-France, où les scores de Marine