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Libération
TRIBUNE

Les droits des invisibles

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publié le 26 avril 2012 à 19h06

Le vote Front national ne demande pas des frontières. Il demande du droit. Le droit de vivre dans un logement décent et un environnement propre. Le droit à une alimentation simple. Le droit à des soins sûrs. Le droit à l’école. Le droit d’offrir à ses enfants quelques jours de vacances. Le droit de se promener tranquillement, de raconter des histoires, de rencontrer des amis, de faire la fête. Or, ces droits font défaut aux «petites gens», à tous ces travailleurs précaires, pauvres, intérimaires, chômeurs, ces délocalisés, RMistes, mais aussi ces employés, étudiants en galère, artisans, infirmières, ces travailleurs qui peinent à payer leur accession récente à la propriété dans les campagnes autour de la grande ville. Depuis cinq ans, les lois ont donné des droits aux gens importants et enlevé des droits aux gens de peu. Et quand les droits manquent, la colère explose et s’exprime comme elle peut, dans les formes qu’elle trouve à un moment donné. Car ces gens de peu sont sans forme institutionnelle, invisibles. Là est le problème politique.

Tant que le tiers état a été invisible, il a été sans droits. Tant que les gens de peu resteront invisibles, ils n'auront pas de droits. Pour qu'ils deviennent visibles, il faut une assemblée qui les présente, qui les fasse monter sur la scène publique et qui leur donne une voix dans le débat politique. Comme l'a fait le tiers état en inventant l'Assemblée nationale, il faut, aujourd'hui, inventer l'Assemblée sociale. «Les plus belles