C’était lundi, au plus noir du noir, comme une chemise brune et comme le café en lequel je faisais des ronds avec la touillette de mon blues. Ainsi que, j’imagine, nombre d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon, je restais sonné par le coup de batte de base-ball que m’avait la veille asséné l’écart entre les scores des deux fronts, celui de gauche et celui des droites. Dans cet état, je n’aspirais qu’à un jour de silencieuse réflexion pour tenter de discerner demain, ou plutôt, après-demain. Demain serait simple comme une addition de reports de voix ; après-demain, quand se débonderait dans le retour des marchés la réalité d’une crise que la campagne des deux finalistes avait mise sous le boisseau, serait plus compliqué.
Rien n’est douloureux comme le sentiment d’avoir raison, quand il perdure et forcit encore après avoir été contredit par le verdict d’un scrutin. Entendre, même sur le tard mais dès avant le premier tour, successivement François Hollande et Nicolas Sarkozy se rallier à la nécessité de réformer le traité de Lisbonne et reconsidérer les statuts de la Banque centrale européenne semblait de bon augure. Le reste - la défense de la République dans la stigmatisation de son antonyme FN - serait porté à notre crédit. Le face à face de nos 11% et des 18% de la Pen établit que ce pronostic était erroné.
Comment ça marche, hein, l’idéologie… Au fond du fond du trou vertigineux de ma gueule de bois, bien pire que le 21 avril 2002, j’en étais presque à me demander si identifier d