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Libération
EDITORIAL

Enclos

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publié le 27 avril 2012 à 22h16

Dans un discours énervé au Raincy jeudi, Nicolas Sarkozy a donné de la France sa vision. Tout - et vraiment n'importe quoi - y était devenu frontière : celle qui sépare le policier du délinquant, le maître et l'élève, la vie et la mort, et surtout «chez moi» et «chez l'autre». La clôture comme mode de vie. Le cadastre, cité et érigé en texte sacré. Comment ne pas comprendre d'emblée qu'il s'adressait à cette France rurale ou rurbaine, souvent si fière du portail ou du mur d'enceinte qui orne et protège sa propriété ? Cette France où l'on a vu, dimanche, l'éclosion d'un FN des champs venu s'ajouter à celui des banlieues qui avait supplanté celui des beaux quartiers - les trois continuant de persister. Un FN qui s'enracine dans des terres qui, à l'instar de l'Aisne - deuxième plus haut score départemental de Marine Le Pen après le Vaucluse -, ne connaissent ni immigration significative ni insécurité particulière mais sont, en revanche, dévastées par un chômage massif, de fulgurantes destructions d'emplois et un reflux sans précédent de services publics dégraissés au nom d'un sinistre acronyme : la RGPP (révision générale des politiques publiques). Des zones de grand désert culturel, où seule la plus vile télévision renvoie en continu l'image fantasmatique d'un pays menacé par ce que l'auteur de l'abject et prémonitoire Campagne de France, le plumitif Renaud Camus, nomme «le Grand Remplacement». Au point que désormais, au lieu de paître tranquillement, les vac