Harris Interactive a effectué, au soir du premier tour de la présidentielle, une enquête auprès de 2935 votants, qui montre une image très différente d’un pays qui se laisserait emporter par les haines de l’extrême-droite. Entretien avec Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion de l'institut de sondages.
Dans votre enquête chez les Français qui ont voté dimanche, l’immigration, la question de l'étranger, n’arrive pas en tête de leurs préoccupations. Mais des valeurs de solidarité...
On a proposé une vingtaine de thèmes et les électeurs ont mis en premier l’emploi (44%), puis en deuxième la lutte contre les déficits, la dette. Deux aspects d’ordre collectif. Tous les Français ne sont pas touchés par ces problèmes au quotidien mais ils attendent du pouvoir politique qu’il y ait une «protection» à l'égard de ceux qui sont en situation difficile. On voit dans nos études que la dette , par exemple, n’est plus seulement une question budgétaire mais la sauvegarde de notre modèle social auquel les Français sont attachés et qu’ils sentent menacé: nos systèmes de solidarité, nos retraites, les services publics, etc. On n’est pas dans la phase de l’individualisme. Dans les réponses, les dimensions individuelles arrivent plus loin, comme, par exemple, la question du pouvoir d’achat.
Alors, qui parle d’immigration, et pourquoi ?
L'immigration arrive en 8e place dans notre enquête: 24% des Français disent que c'est une thématique qui a compté dans leur choix de vote. Il y a une très forte disparité selon les électeurs. Elle arrive en deuxième position chez ceux qui ont voté Sarkozy (41%) et elle est citée par l'immense majorité des électeurs de Le Pen (77%). Mais l'immigration rec