Si le Front national prospère à la campagne, c’est qu’il dépérit en ville. Il recule à Paris, où Marine Le Pen baisse de 3,1 points par rapport à son père au premier tour de 2002. Mais aussi à Lyon (-5,2 points), Strasbourg (-5,3), Bordeaux (-2,5), Lille (-2,6), Marseille (-2,1) et plus généralement dans toutes les métropoles urbaines. Ce recul dans le centre des grandes agglomérations avait marqué déjà les précédents scrutins. Mais, cette fois, il affecte aussi la banlieue et des villes où, au milieu des années 80, il enregistrait des records. Comme Roubaix, où Marine Le Pen est désormais au-dessous de sa moyenne nationale, à 15,57%, alors qu’en 2002 son père recueillait 18,15%.
On objectera que, compte tenu de la plus faible abstention dimanche (20,52%) que le 21 avril 2002 (28,40%), le nombre d'électeurs du FN n'a pas vraiment baissé dans ces villes. C'est plus la forte mobilisation des électeurs de gauche qui l'aurait fait baisser en pourcentage. Mais, si l'on ajoute aux voix de Jean-Marie Le Pen celles de Bruno Mégret, l'argument ne tient plus. En voix comme en pourcentage, l'extrême droite recule dans les grandes villes. «Le vote FN n'est plus celui des peurs et du malaise des grandes métropoles urbaines», souligne Pascal Perrineau, directeur du Cevipof.
Ce recul est-il pour autant le signe que l'intégration commence à bien fonctionner dans les banlieues ou les villes d'immigration comme Roubaix ou Marseille ? «Sans doute», observe Jérôme Fourquet, de l