Violaine Girard a passé le premier tour dans un bureau de vote d'une commune située à la périphérie rurale d'une grande agglomération du sud-est de la France, ancrée à droite, qu'elle étudie depuis presque dix ans. Maîtresse de conférences en sociologie à l'université de Rouen, elle précise les dynamiques du vote FN des classes populaires dans ce territoire rural en recomposition. Sa monographie montre que les électeurs de Marine Le Pen ne peuvent être résumés à de simples «oubliés» du système.
Pourquoi étudier ce territoire périurbain ?
C’est intéressant parce que ce territoire rural, transformé par de grands projets d’aménagements, cumule des caractéristiques des zones périurbaines dont on parle beaucoup en ce moment. Ce territoire a connu une urbanisation diffuse, avec la construction de maisons individuelles par des ménages des classes populaires. C’est un territoire qui a connu aussi un mouvement de relocalisation industrielle facilitée par un foncier moins cher qu’en ville, et par la volonté des élites politiques et économiques de contourner les grandes forteresses ouvrières. Mais il conserve un caractère rural, avec des exploitations agricoles et des petites communes où on retrouve une sociabilité autour de l’école, de la vie au village, des associations sportives, des lotos les samedis soirs.
Quel a été le vote au premier tour de la présidentielle ?
Dans le canton, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête avec 26,6%, suivi de près par Marine Le Pen, à 24,2%, et François Hollande, à 21,9%. En 2007, Jean-Marie Le Pen était à 14,5%, Sarkozy à 31,3%. On retrouve ces mêm