Les résultats électoraux donnent toujours lieu à des interprétations mystérieuses. On comprend mal pourquoi Eva Joly, qui a fait mieux que Dominique Voynet en 2007, a subi un désastre (ce serait parce que, cette fois-ci, elle représentait à la fois les Verts et Europe-Ecologie), tandis que Marine Le Pen, qui atteint un pourcentage moindre que celui cumulé de son père et Bruno Mégret en 2002, remporte un triomphe «record». La droite s'est réjouie de voir enfin arriver la campagne du second tour où Nicolas Sarkozy ne sera plus obligé de se battre à un contre neuf. Certes, cette formulation a pour but de conforter l'aspect à la fois victime et Superman de son héraut. Mais c'est aussi une façon de bien entrer dans la tête de leurs électeurs que Marine Le Pen et François Bayrou sont farouchement opposés au président sortant. Et, neuf contre un, ça montre également que si Nicolas Sarkozy a la capacité de rassembler, c'est plutôt contre lui qu'autour. Limiter le vote dit protestataire à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est trop modeste, ce sont les huit adversaires du Président qui en ont bénéficié.
Le Front national est aussi dans une situation paradoxale : il veut se dédiaboliser, mais juste ce qu'il faut. C'est quand même en tant que parti diabolique qu'il a un succès qu'il pourrait perdre en devenant droite de gouvernement. En dédiabolisant Marine Le Pen durant cet entre-deux tours, Nicolas Sarkozy commence par se diaboliser lui. Il faut une longue cuiller pour déjeu