La foule est dense et l'odeur de merguez entêtante sur les marches menant au Palais Omnisports de Paris Bercy. C'est l'attente avant le début du grand meeting de l'entre deux tours du candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande. Christine est venue de Rouen pour le week-end avec ses deux filles. Elles se photographient devant l'écran géant: «C'est fabuleux de voir tous ces gens dans la rue.» Comme leur mère, Morgane et Marine, 21 et 24 ans, ont voté Hollande au premier tour.
Marc-André est lui aussi rouennais, il a 24 ans, étudie le droit et se dit «de droite». Il a voté «utile» au premier tour. Hollande ? «Non, Sarkozy, mais l'homme ne me plaît pas forcément. Je suis là pour regarder, peser le pour et le contre. Et j'aime la ferveur populaire. S'il ne pleut pas, j'irai le 1er mai au Trocadéro (où Sarkozy a appelé à un grand rassemblement, ndlr), et il me restera quelques jours pour décider.»
Des voitures passent en klaxonnant, des drapeaux socialistes aux fenêtres. Mija porte un bébé sur son ventre, elle a 39 ans, elle est coréenne et architecte. Elle avait demandé la nationalité francaise lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur, et elle lui avait été refusée. Elle a fait le déplacement aujourd'hui depuis Reims avec son mari, «pour donner des souvenirs à nos enfants. Il va y avoir des changements, ils pourront dire "on était là"». Son mari, Raphaël, «garde de magnifiques souvenirs de 1981» - il