C’est sans doute le statut professionnel le plus dénoncé par le chef de l’Etat : celui de permanent syndical. C’est le poste qu’occupe Mireille Gueye, passée du «vrai travail» de cadre dans un groupe d’assurance mondial à un emploi à la CGT. Un job pour lequel elle ne compte pas ses heures, et un choix, surtout, qui l’a obligée à faire une croix sur son évolution professionnelle.
«Je n'ai jamais visé la carrière», explique d'emblée Mireille en parlant de sa trajectoire au sein du groupe. A 53 ans, elle est depuis trois ans détachée comme permanente et conseillère prud'homale à l'Ugict, la branche cadres de la CGT. Comment bascule-t-on d'un poste de cadre dans le marketing, au parcours dynamique, à celui de permanent syndical dans la centrale la plus éloignée symboliquement de l'encadrement ? Au départ, deux ans de galère, en tant que maître auxiliaire, comme prof de philo. Puis, après une formation en informatique, Mireille entre, à 27 ans, dans une compagnie d'assurances, alors nationalisée, pour développer des formations.
En 2001, transfert au service marketing. «Je bascule dans les chantiers dits stratégiques.» La privatisation de la compagnie, puis son rachat par un géant du secteur, change la donne : «Je suis confrontée à des problèmes éthiques, dans un environnement hyperconcurrentiel en interne.» La tournure que prend son nouveau poste ne lui va pas : «J'aime travailler sur la résolution de problèmes et sur un mode collectif. Je me suis re