Cibles privilégiées de Nicolas Sarkozy, les confédérations syndicales ont du mal à cacher leur agacement. Si François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, n'appelle pas, comme son homologue de la CGT, à voter contre le président sortant, il se dit aujourd'hui «inquiet» pour la démocratie.
Le 1er mai tombe cette année entre les deux tours de la présidentielle. Appelez-vous à la mobilisation, alors que ce rendez-vous peut prendre une tournure très politique ?
Il y a deux mois encore, ce risque aurait pu nous faire hésiter. Mais, depuis les dernières provocations du chef de l'Etat sur le «vrai» travail, la mobilisation m'apparaît toute naturelle. Et la CFDT, avec ses partenaires de l'intersyndicale, appelle clairement les salariés à se retrouver pour ce 1er mai. C'est aussi l'occasion d'interpeller les deux finalistes de l'élection sur la question de l'emploi.
Le président-candidat n’aurait pas le droit d’organiser un rassemblement le 1er mai sur le thème du travail ?
Cette fête a pour origine, à la fin du XIXe siècle, une victoire syndicale aux Etats-Unis pour la journée de travail de 8 heures. Depuis, elle a été sacralisée, dans le monde entier, afin d'évoquer les revendications des travailleurs. Or, chaque fois qu'il y a eu dans l'histoire une mainmise du politique sur cette fête, c'était dans un contexte de dérive antidémocratique. Qu'il s'agisse des anciens pays du bloc communiste, avec une confusion entre les partis au pouvoir et les syndicats, où encore en France, sous l'Occupation. Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, que le Front national a fait du 1er mai sa journée symbolique. Le fait qu'un des deux finalistes à la présidentielle entre dans cette logique est donc une grande source d'inquiétude, pour l