Sur l'écrasante responsabilité de Nicolas Sarkozy dans la place centrale prise par Marine Le Pen au sein du paysage politique ; sur la sidérante métamorphose d'un Président volontariste en bégayante marionnette répétant les formules écrites par d'autres ; sur le ventriloque Patrick Buisson, ex-directeur de Minute, verbeux génie débile d'une campagne à ce point vile que même une victoire, désormais au-delà de l'improbable, n'eut été qu'une autre façon de perdre - tout a été dit.
Mais une question se pose : Sarkozy est-il seul responsable de ce victorieux populisme ? Dès lors, supprimant les causes de la montée frontiste, l’élection du Gentil Prince François va-t-elle rendre à la France, comme à la princesse des contes, son sens du progrès et de la fraternité ?
Posons-la autrement. L’addition des voix d’extrême droite et d’extrême gauche, en 2002, laissait apparaître ce fait remarquable qu’un tiers des électeurs de ce pays se prononçait contre le système parlementaire et la démocratie représentative. Dix ans plus tard, l’addition des voix du Front de gauche et du Front national donne exactement le même résultat. Sarkozy suffit-il à expliquer la constance du phénomène ?
C'est au début des années 2000, sous l'effet de la mondialisation en sa version terroriste, que s'est cristallisé le retournement, latent jusque-là, du civisme en idéologie victimaire, sécuritaire - laquelle restera, certes, l'une des pires tares du quinquennat qui s'achève mais apparaît, de fait, comme la