«Ce qu'on nous renvoie, c'est qu'on coûte cher, qu'on ne rapporte rien.» Louise Miragliese s'est sentie clairement visée par les propos de Sarkozy sur le travail. A 26 ans, elle est éducatrice spécialisée à l'association FIT, «Une femme, un toit», qui héberge, à Paris, des femmes de 18 à 25 ans en rupture familiale ou conjugale et les accompagne vers l'insertion et l'autonomie. Mais voilà, «on ne produit pas de valeur marchande et on travaille avec une population qui n'intéresse personne», lâche Louise Miragliese.
Elle fait pourtant partie de la France qui se lève tôt et rentre tard : elle se rend au centre du lundi au vendredi de 9 heures à 16 heures, ou en horaires décalés jusqu'à 21 heures. Elle suit 15 des 60 jeunes femmes accueillies, avec qui elle a des entretiens individuels réguliers. «Ce sont des problématiques lourdes, de violences.» Elle les accompagne dans leurs démarches administratives, de santé, de recherche d'emploi. Organise des formations, monte des projets collectifs pour susciter un engagement citoyen de leur part, notamment sur les rapports hommes-femmes. Ce qui exige d'actualiser en permanence sa connaissance des dispositifs sociaux et légaux. Mais aussi d'avoir «une façon de les écouter, sans les juger». Ce sont des compétences spécifiques. Et peu reconnues. «Les associations font de plus en plus appel à des bénévoles, et pas à des professionnels», regrette Louise, qui a fait une licence de philo et un master