Ne le traitez pas de planqué de fonctionnaire. «Je sais ce que c'est que le travail», répète Gervais Cacheux, 40 ans, fonctionnaire territorial à l'entretien des routes. «Quand on a été élevé par un père mineur, pas le droit de glander dans le canapé. La nuit il était à la mine, le matin il était éboueur, et après il faisait son jardin. C'était pas un fainéant.»
Au bord des routes, il fauche, élague, abat des arbres, change les panneaux, sécurise les zones d'accidents, bloque les voies, met en place les déviations si nécessaire, pour le conseil général. En hiver, il déneige et il sale. Un camion accidenté perd son carburant par dizaines de litres sur la chaussée, il nettoie. Un accident, il sécurise pour que pompiers et policiers travaillent. Sur la bande d'arrêt d'urgence, où on ne survit pas plus de vingt minutes, il se met «en danger pour protéger l'autre». Les jours d'astreinte, en pleine nuit, il est debout, et sans petit déj. «En un quart d'heure, je suis à mon poste.»
Il aurait voulu être militaire de carrière. Il est réserviste dans l'armée de terre, quelques jours par mois. «Discipline, esprit de cohésion, y en a un qui est dans la merde, vous allez le chercher.» Il voudrait que ce soit pareil dans la fonction publique. En attendant, quand les autres restent chez eux à cause de la neige, il est dehors. «Quand il faut saler, c'est tout de suite. Si on s'arrête, l'économie s'arrête.» Sur la route, pourtant, certains