Menu
Libération

Pour le meilleur et le pire, ce n’est plus la même France

Article réservé aux abonnés
publié le 1er mai 2012 à 19h06

On pourrait, et facilement, s’y méprendre. Face aux évolutions de la scène politique française que cette campagne présidentielle a laissé voir et face au changement de donne, surtout, qu’elle aura suscité dans l’Union, on pourrait presque croire que l’utopie des Etats-Unis d’Europe a pris corps.

C’est loin d’être le cas mais le fait est que l’échiquier français vient de s’européaniser comme jamais, que les enjeux européens auront été, pour la première fois, au cœur d’une élection nationale en Europe et que les débats d’un des pays membres, la France, auront infléchi ceux de l’ensemble de l’Union, exactement comme une évolution de la Californie peut précipiter une évolution des Etats-Unis d’Amérique.

Prenons, d’abord, François Hollande. L’homme qui a de si grandes chances de devenir président dimanche ne s’inscrit pas dans la généalogie socialiste. Né sur ces terres de l’Ouest catholique qui avaient bouleversé le paysage politique en passant de la droite à la gauche dans les années 70, c’est dans le christianisme et non pas le marxisme qu’il plonge ses racines. Fils spirituel de Jacques Delors, lui-même venu de la démocratie chrétienne, il s’assume tranquillement, sans même avoir besoin de le dire, en social-démocrate, en réaliste sachant qu’on ne fait rien avec des caisses vides et en partisan du compromis permanent entre le capital et le travail.

Dans un pays où la fracture de 1789 était si longtemps restée si déterminante que la gauche ne pouvait pas être à gauche sans se réc