Le FN est un acteur politique majeur. Comme dans de nombreux pays qui nous entourent. Mais on fait semblant de le redécouvrir à chaque échéance. Il est temps d'arrêter cette mise en scène. Si 2007 marqua un recul exceptionnel du FN, la progression de ce parti est constante et régulière depuis les années 80. Béatrice Giblin, directrice de Hérodote, l'a fort bien montré, ici même, la semaine dernière. Alors essayons de comprendre ce que 2012 nous apprend. D'abord, bien sûr, une nouvelle candidate et une fin de mandat présidentiel difficile. Là-dessus, tout a été dit. En revanche, le sociologue veut prendre en compte deux autres événements : la profonde transformation du milieu ouvrier, et la rupture du lien entre la République et la paysannerie.
Aujourd’hui, seuls 30% des 6 millions d’ouvriers français travaillent en usine. Les deux tiers sont dans le bâtiment et l’entretien. Métiers de PME-PMI à la culture proche des petits patrons. Ouvriers, en outre, aux statuts instables, avec peu d’avantages sociaux. Il y a là un FN poujadiste, voisinant au quotidien, dans le travail, avec des immigrés anciens ou récents. Ici, le vote FN chez les ouvriers blancs du bâtiment et de l’entretien, voire de certaines petites usines rurales, est extrêmement fort. Leur rêve, ce n’est pas la Révolution, mais l’Audi A3. Aussi, le rappel par Jean-Luc Mélenchon du mythe de Potemkine, 1936, le Front populaire… n’avait, ici, aucune chance de prendre !
Géographiquement, cette population ouvrière