Le prochain président de la République n'aura certes pas la tâche facile mais il bénéficiera de circonstances inédites : pour la première fois, sous la Ve République, il sera sorti vainqueur d'une élection sans illusions, une élection sans espérance. La lune de miel rituelle avec les Français, cette politesse démocratique, durera peut-être jusqu'à la rentrée. Au-delà, le chef de l'Etat élu se retrouvera inexorablement face à la crise la plus lourde et la plus complexe que l'on ait connue depuis les années 30.
Les Français le savent et n’attendent nul miracle. Le quinquennat qui va commencer sera un quinquennat d’épreuves, de sacrifices et d’efforts. Les citoyens, c’est le seul privilège du futur président, ne lui feront pas porter - pas sur le champ, en tout cas - le poids et le prix du redressement. Ils ne seront pas déçus parce qu’ils ne rêvent pas. La question sera même de savoir si l’hôte à venir du palais de l’Elysée saura faire partager le stoïcisme et le courage dont il devra faire preuve.
En ce sens, le printemps 2012 marquera la moins normale des élections présidentielles. Bien entendu, beaucoup vont se récrier. Les duellistes du second tour ne prodiguent-ils pas des interventions enflammées sur un rythme sans précédent pour galvaniser leurs camps ? Ne se succèdent-ils pas inlassablement, matin, midi et soir de studios en studios, de radios en radios, de télévisions en télévisions, comme cela ne s’était jamais fait auparavant ? N’enchaînent-ils pas meetings