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Libération

Aujourd’hui, suivre le débat à la télé, c’est presque secondaire

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Daniel Schneidermann décortique l’espace médiatique.
publié le 3 mai 2012 à 0h36

Surpris ? Oui, par la pugnacité de François Hollande. Nicolas Sarkozy, on le connaît, c’était François Hollande qui était l’inconnu. Que s’est-il passé ? La dominante de tous les échanges - du moins durant les quatre-vingt-dix premières minutes - a tourné autour du programme de Hollande.

C'était le programme de François Hollande contre le bilan de Nicolas Sarkozy. C'est terrible pour Sarkozy, on ne parle jamais de son programme, on pourrait presque dire que l'on s'en moque. Et il ne le défend même pas. Il est tombé dans le piège. Nicolas Sarkozy laisse parler son bilan. Il devait dire : «Je ferai ceci, je ferai cela.» Il est sur la défensive. On n'est que sur le programme de François Hollande, et cela le valorise bien sûr. Sur l'ambiance de ce débat, c'est beaucoup plus vif que ce que je craignais. Les passes d'armes ont été nombreuses, les chevauchements de parole multiples. Et il s'est révélé beaucoup plus violent que les précédents.

Sur le plan des médias, on ne peut que constater l'inexistence des deux journalistes, Laurence Ferrari et David Pujadas. Ils n'interviennent pas, ne corrigent pas. Les rectifications des chiffres que les deux candidats se sont lancés à la figure, - l'opération de désintox, comme on dit, ne se passe pas à la télévision, mais sur les sites de presse. C'est un événement : suivre aujourd'hui le débat devant sa télévision, c'est presque secondaire. On pourrait même ne pas suivre le débat à la télévision. Ce qui est important, ce qui se joue,