Elle aurait voulu voter Mélenchon ou Arthaud, mais elle a voté Hollande. «Utile. Parce qu'en 2002 j'avais les larmes aux yeux devant ma télé.» Lui, il a voté Le Pen. Au second tour, il s'abstiendra. «Que ce soit l'un ou l'autre, le Français lambda sera passé à la moulinette.» Paul regarde le débat «comme le Bébête Show». Dans leur petit salon de la banlieue lilloise, entre les statuettes africaines et les tabourets verts, Paul, 39 ans, en recherche d'emploi de «forestier», et Elisabeth, conseillère principale d'éducation dans un collège en difficulté (1), main dans la main sur le canapé, sont d'accord sur un point : ils n'aiment pas Sarkozy. «Le nainculé», dit Paul, qui a voté pour lui en 2007, mais qui le regrette.
Le débat commence. Hollande dit qu'il sera «président de la justice». «Mais bien sûr !» ironise Paul. Il imite les tressautements d'épaule de Sarkozy. Hollande casse Sarkozy sur le «vrai travail». Paul approuve : «Il a raison, c'est quoi le vrai travail, le faux travail ? C'est nul.» Elisabeth rit. Il se dit «patriote» et explique avoir défendu la veille un sans-abri algérien qui se faisait «taper la tête à coups de pieds» par un jeune. «Je suis fier d'être un électeur du FN qui a porté secours à un Maghrébin.» Elle sourit, clope à la main : «Je me suis tapé tous les débats avec Marine Le Pen, lui, quand c'est Mélenchon, il s'endort.» Hollande à Sar