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Analyse

Le duel le plus dur depuis 1988, les mots d’esprit en moins

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Le politologue Alain Duhamel a animé les débats télévisés de 1974 et 1995 .
publié le 3 mai 2012 à 0h36

Ce face-à-face Sarkozy-Hollande est plus technique et plus teigneux que les débats présidentiels précédents, et notamment le duel Jospin-Chirac de 1995. C'est très technique par la quantité de chiffres qui ont parsemé les échanges. Une manière de faire une démonstration de leurs compétences. J'ai peur que le public ne soit saoulé de statistiques et de données contradictoires. Mais leurs arguments, à chacun, sont solides. C'est un débat de très bonne tenue, à la fois exigeant et extrêmement belliqueux. Le mot «mensonge» est revenu souvent, envoyé à la figure de l'un et l'autre à plusieurs reprises. Je pense que Hollande a marqué un point important lorsqu'il a dit à Sarkozy : «En fait, vous n'avez jamais tort, vous avez toujours raison.» Sur la question de la dette, c'est Sarkozy qui a pris le dessus en utilisant les chiffres de la Cour des comptes. Mais, sur ce sujet très technique, il n'est pas sûr qu'il ait été audible par tous.

Je trouve Nicolas Sarkozy à la fois très naturel et très offensif. Et François Hollande très ferme et très vif. Physiquement, Nicolas Sarkozy s’extériorise plus. François Hollande se contrôle davantage. Il est plus en retenue que Sarkozy. De par son attitude, sa gestuelle, Hollande veut incarner une certaine autorité. Il tient le haut de son corps droit, comme François Mitterrand. Il recherche de la majesté dans l’immobilité. Nicolas Sarkozy est plus en mouvement, plus nature. Mais il n’est pas sûr que cela le serve.

A mi-débat, je n