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Libération

Le sarkozysme se débonde comme une bouche d’égout

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publié le 3 mai 2012 à 19h46

Dans quel état errerons-nous, dimanche soir, après que, au top 20 heures des machines communicantes, la ville aura résonné, par les fenêtres ouvertes, des acclamations saluant l’élection de François Hollande à la présidence de la République ? Sous quel tiède crachin, quelle pluie battante ou crépuscule ensoleillé irons-nous expirer notre soulagement dans un minimaliste «ça, c’est fait» ? Sera-ce liesse ou pause, sortie des classes ou brève récréation ?

On se demandait cela, mardi 1er de mai, entre Denfert et la Bastille, rive droite-rive gauche, en regardant passer les fleuves de foules, Boulevard Henri-IV où, perché sur un plot devant la caserne des Célestins, nous tenions notre dernier affût. Entre la Seine et la colonne de Juillet, avant même que se distinguent dans un lointain les ballons signalant l'arrivée des syndicats, l'artère se vit envahie de milliers de manifestants silencieux et placides, sans guère de banderoles ni drapeaux, quelques-uns badgés, quelques autres brandissant de discrets cartels annonçant tous une fin de partie. Ils seraient plus compacts, plus nombreux encore et plus démonstratifs derrière le cortège dont François Chérèque avait tenu à préserver la virginité politique.

C’est vers cette heure-là que la préfecture de police donna à connaître qu’elle y avait dénombré 48 000 manifestants, tandis que le sortant affirmait sans rire avoir entassé sur la place du Trocadéro 200 000 sardines partisanes, soit à peine moins que le nombre de contre-v