Ils ont la trentaine et ont tous trois grandi dans les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis, au nord de Paris. S’ils ne sont que trois ce soir-là dans l’appartement du Raincy, c’est parce que le match PSG - Saint-Etienne fait une sérieuse concurrence au débat. En 2007, Tarek Mouadane et Kamel el-Houari, tous deux créateurs d’entreprise, faisaient partie des jeunes dits «des quartiers» à avoir activement soutenu Nicolas Sarkozy. Séduits par l’homme, déçus par la gauche. Dimanche, tous deux voteront à nouveau pour le candidat UMP.
Steeve Gisors, leur ami d'enfance, se définit pour sa part comme «plus de gauche que de droite». Mais il ne votera pas. Il ne vote jamais. Pour lui, «Mélenchon et Joly ont dit de belles choses, mais personne ne peut y croire». Il n'exclut d'ailleurs pas de rejoindre une soirée concurrente match-raclette en cours de route. Persuadé que le débat sera sans surprise, il lance le pari que le mot «islam» sera prononcé «au moins cinq fois» : «La droite diabolise l'islam pour récupérer les votes du FN. Et, pour bien diaboliser, il faut beaucoup en parler.» Il évoque le sujet avec un visible dégoût de la politique. Steeve trouve «horrible» la proposition de présomption de légitime défense pour la police proposée par Sarkozy après l'affaire de Noisy-le-Sec. En retour, Kamel prend la défense des policiers «qui se lèvent le matin pour 1 200 euros». Tarek rappelle que «le type [le suspect abattu l