Menu
Libération
Interview

«On dirait une bagarre de petits garçons»

Article réservé aux abonnés
Le journaliste américain Philip Gourevitch livre un regard sévère sur la campagne :
publié le 3 mai 2012 à 21h36

Philip Gourevitch, journaliste au New Yorker, suit la campagne depuis un an. Son long portrait de Nicolas Sarkozy (de l'homme et de sa présidence) vient d'être publié en France : No Exit, sous-titré «Nicolas Sarkozy - et la France - peuvent-ils trouver une issue à la crise européenne ?» (éditions Allia). Il reprend aujourd'hui l'avion pour New York, sans attendre le 6 mai, quelque peu désabusé par ces élections à la française.

Avant de repartir aux Etats-Unis, avez-vous regardé le débat ? Quelle est votre impression finale ?

J’ai pensé que j’étais très content de ne pas avoir à voter pour l’un ou l’autre de ces hommes. Parce qu’aucun des deux n’est très enthousiasmant. Sarkozy a déçu et Hollande n’est pas excitant. Son atout principal, c’est de ne pas être Sarkozy. Les deux commencent par s’insulter, puis se plaignent aussitôt que l’autre l’insulte. Ce n’est pas très adulte, on dirait une bagarre de petits garçons. En Amérique, ce serait très «non présidentiable» de traiter l’autre de «menteur». Affirmer «c’est un mensonge» n’est pas pareil que dire «tu es un menteur». Il y avait peu de fond dans ce débat qui arrive très tard. Pendant six mois, les petits partis, les extrêmes à droite et à gauche, dominent le débat, on ne parle que de leur poids politique, on ne parle pas des vrais problèmes, de la crise, de l’Europe. Et soudain, quatre jours avant le vote, les deux candidats véritables ont un seul débat. Aux Etats-Unis, on a trop de débats, mais au fur et à mesure les gens peuvent se faire une opinion.

Que reste-t-il de cette campagne ?

Le 1er mai, je suis allé au meeting de Mari