«Demain, tous les journalistes pourront confirmer.» Mercredi soir, Nicolas Sarkozy a donc finalement décidé de confier la vérification des chiffres du débat à la presse. Plusieurs fois dans la soirée, les deux candidats ont achevé leurs joutes en s'en remettant aux arbitrages des «observateurs» du lendemain - qui ont parfois réagi le soir même, comme Libé.fr. Comme si, finalement, le but du jeu n'était que de balancer le maximum de données en ayant l'air de clouer l'adversaire, plutôt que d'essayer de leur donner du sens. Effet collatéral de la prolifération du fact-checking, cette pratique journalistique de vérification des faits et données énoncés par les politiques dont la rubrique Désintox de Libération fut l'un des précurseurs en France ? En tout cas, les deux candidats ont pris le risque que des pans entiers de leur discussion soient jugés trop abscons pour les non-spécialistes.
Car les débatteurs ont donné une matière considérable à vérifier pour les observateurs. Bataille de chiffres et affirmations contestables se sont succédé au long des trois heures de débat, ponctuées - évidemment - d'incessants appels à la «vérité» et de dénonciation des «mensonges» de l'adversaire. Et à ce jeu-là, même si François Hollande sait aussi parfois tordre les chiffres à son avantage ou bricoler des exemples approximatifs, le chef de l'Etat - comme nous l'avons depuis des mois constaté à Libération (1) - garde une incontesta