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Libération
Interview

«Une élection de type référendaire»

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Olivier Duhamel, juriste, politologue et professeur à Sciences-Po, analyse le rejet du président sortant :
publié le 3 mai 2012 à 21h26

Olivier Duhamel est juriste et politologue. Professeur à Sciences-Po, il vient de publier les Elections présidentielles, avec Marion Ballet (éditions Dalloz). Pour lui, cette élection montre que «la Ve République se porte bien».

A la veille du second tour, quel regard portez-vous sur cette campagne ?

J'ai dit dès le début que ce serait une élection de type référendaire. C'est ce qui se passe. Des élections référendaires, nous en avons connu deux depuis la fondation de la Ve République, en 1958 : pour ou contre de Gaulle en 1965 (les Français ont voté pour) ; pour ou contre Valéry Giscard d'Estaing en 1981, chacun se souvient du résultat. La crise y est pour quelque chose, mais pas seulement. Il est dit et répété que tous les dirigeants politiques européens ont été sortis par la crise, mais c'est faux ! En Allemagne, Angela Merkel a gagné les élections fédérales en 2009, en pleine crise financière ! Non, l'élément déterminant, c'est que Nicolas Sarkozy a suscité un rejet profond à cause de sa présidence sous-bonapartiste. Une présidence caractérisée par une hyperconcentration des pouvoirs, à la Bonaparte mais quelques crans en dessous, à la mode télé-réalité. Le défi, pour Nicolas Sarkozy, consistait à casser cette logique de référendum. Il n'a pas réussi.

Comment l’expliquez-vous ?

Sa première erreur a été de suivre la ligne ultradroite dictée par Patrick Buisson. Imaginez un joueur de casino qui joue avec une martingale et qui gagne. Il va rejouer avec la même, il se dit que cela va remarcher ! Sarkozy s’est dit que ce qui lui avait r