La «révolution centriste» vraiment en marche ? Le choix «à titre personnel» de François Bayrou de voter pour le socialiste François Hollande marque une rupture historique. Pour la première fois, le chef d'un parti centriste bascule à gauche. Tous ses prédécesseurs avaient jusqu'à présent été arrimés à la droite. Et, à l'instar du président du Modem, ils ont participé à des gouvernements de droite.
Spectre. Depuis la création de l'UDF en 1978 (dont le Modem est l'héritier direct) par les giscardiens pour unifier la famille centriste, cette mouvance hétéroclite se définissait d'abord comme une «droite non gaulliste». Chacune des six chapelles qui la composait avait conservé un statut de parti indépendant. S'y côtoyaient donc des libéraux purs et durs (le Parti républicain), des démocrates-chrétiens, des radicaux dits «valoisiens»… avec un spectre idéologique très vaste. Parmi ces petits marquis de l'UDF, certains n'ont pas hésité à passer des accords locaux avec le Front national (Jean-Claude Gaudin, Jacques Blanc, Charles Millon, Jean-Pierre Soisson…), tandis que d'autres versaient vers un centrisme humaniste et social. Entre eux, pas vraiment de projet commun, si ce n'est celui de parvenir à se hisser au pouvoir grâce à la force de frappe de leur coalition de bric et de broc. Mais une valeur unanimement partagée : celle d'appartenir à la famille des droites françaises.
C’est dire si le changement de cap amorcé hier par François Bayrou est un