Il s’appelle Cédric Abdilla. Il a 29 ans, il y a de l’enfance dans son sourire, de la gentillesse dans ses yeux. Il a l’air joli garçon. On pourrait le connaître, le croiser, le fréquenter. Il pourrait être notre fils, notre frère, notre enfant. Mais il y a un très gros caillou dans la chaussure qui contrarie toute fantasmagorie : Cédric Abdilla est secrétaire départemental du Front national en Ille-et-Vilaine. Donc, on peut être jeune, bien portant à vue de nez, et militer pour le pire. Ce qui ne doit pas pour autant ouvrir la vanne qui nous tend trop facilement les bras («Cédric, il est Vilaine») ou déclencher une congélation du cerveau en forme de degré zéro de la pensée.
Ce jeune homme d'extrême droite, on aimerait lui parler, se promener dans la campagne d'Ille-et-Vilaine avec lui, lui montrer en traversant le moindre village que ses propos (Libération du 28 avril) sur «l'immigration massive en France» sont comiques sur ces terres où il n'y a pas la queue d'un Arabe ou d'un Noir (hélas pour nous, penseront certaines et certains). Et que le soir, passé 19 heures, l'insécurité ne doit pas être le sentiment dominant à Saint-Péran (sud de Rennes, 335 habitants) qui pourtant a voté à 17,11% pour Marine Le Pen, mais l'ennui. La nuit tombe à Saint-Péran, c'est quoi le choix ? Soit la télé dominante, soit le tournoi de fléchettes à la taverne coin. Même si on n'a rien contre la télé, même si on est plutôt pour les fléchettes, à force, l'alternative doit être la