La sortie honorable pour Bayrou, Françoise Fontenaille l'avait trouvée : «Dire qu'il vote vraiment, pas blanc comme la dernière fois. Et sans dire pour qui.» Mais «François», dont le portrait est punaisé sur le buffet d'époque de sa cuisine, est François. Il vient d'annoncer qu'il votera Hollande. Et la candidate Modem dans la 2e circonscription de Vendée, pourtant «à gauche de cœur», s'accroche au volant de sa Scénic : «J'y crois pas ! Pour mes électeurs, le centre est envisageable, mais seulement à droite… Il me complique la vie, le Bayrou.» Plus au nord, Christian Ricot, candidat dans la Vendée chouanne, prend l'annonce avec «modération», son mot favori, et dit la même chose : «Le centre est de centre droit. Il peut y avoir des conséquences…» Dans son pavillon proche de Luçon, le secrétaire départemental du Modem, Philippe Barré, fait les cent pas. Professeur d'histoire dans le privé, secrétaire départemental du Modem à 32 ans, il a donné des consignes de vote blanc dans la presse locale après le premier tour. A quelques colonnes du sénateur centriste de Vendée, Jean-Claude Merceron, qui appelait à voter Sarkozy.
L'annonce de Bayrou est un «séisme» dans ce paysage déjà bien chahuté : «Gagner des sièges en Vendée, c'est impensable maintenant», lâche Philippe Barré. Nul n'imaginait le secret penchant de leur chef de file. La veille encore, chacun y allait de son pronostic : Sarkozy ? Hollande