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Libération
Interview

«1981, 2012 : des victoires après de longs exils»

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L’universitaire Jean-Noël Jeanneney compare les élections de Mitterrand et de Hollande :
publié le 6 mai 2012 à 19h26

Historien, universitaire et homme politique, Jean-Noël Jeanneney vient de publier l'Etat blessé (Flammarion), un essai accablant pour le quinquennat Sarkozy. Pour Libération, il replace cette période dans l'histoire.

Comparer 1981 et 2012 a-t-il un sens ?

Si l’on considère le long terme, la victoire de la gauche survient, en l’une et l’autre occurrence, après un long exil du pouvoir. Dix ans cette fois, vingt-trois ans jadis - une pleine génération. D’où un renouvellement du personnel entre 1958 et 1981 : le nouveau pouvoir exécutif ne comptait que deux anciens ministres, François Mitterrand et Gaston Defferre. En 2012, au contraire, va se mettre en place une diversité de sensibilités et d’expériences. La mémoire de l’exercice du pouvoir étant plus récente, cela empêchera de rêver autant. En 1981, Jack Lang avait parlé d’un passage de l’ombre à la lumière : personne aujourd’hui n’ira jusque-là. L’utopie le regrette, la sagesse s’en réjouit, méfiante envers les tristes retours des nirvanas désolés, attachée à la protection du champ privé, persuadée, comme les pères de la République, que le gradualisme des réformes promptement conduites doit permettre de changer notre paysage collectif, de servir la justice sociale, les aspirations culturelles de tous.

Au rythme du court terme, différence primordiale avec 1981, l’affirmation du rôle d’Internet, l’irruption des réseaux sociaux et la multiplication des chaînes de radio et télévision, notamment d’information continue. En 1981 il n’existait que trois ch