Un hameau de vieilles maisons créoles à moitié abandonné, un «hangar à manioc» en guise de bureau de vote, et un serpent qui s'invite à la fête… Le bureau de Trou Poissons, en Guyane française, est sans doute l'un des plus atypiques de la République. Vingt-deux électeurs y ont voté, hier, pour le second tour de la présidentielle.
Trou Poissons est tombé de son piédestal. «Lors de la dernière présidentielle, on était le plus petit bureau de vote de France, annonce fièrement Hilaire Couchy, président du bureau en question. Mais cette année, on a dû passer deuxième derrière Saint-Elie». Plus petit ou pas, ce qui est certain, c'est que sur les 82 lieux de vote que compte la Guyane, celui de Trou Poissons reste, de loin, le plus insolite. D'abord, parce que Trou Poissons... Ensuite, parce que situé à deux heures de route à l'ouest de Cayenne, le hameau (qui appartient à la commune d'Iracoubo) ne compte qu'une petite dizaine de baraques éparpillées des deux côtés de la route, la seule et l'unique qui traverse le département d'est en ouest.
Tout le monde passe par Trou Poissons. Le problème, c'est que personne ne s'y arrête. Ensuite, il y a le bureau de vote. Depuis que les vestiges de l'école (qui a fermé il y a près de vingt ans) menacent de s'effondrer, les électeurs se rendent au «hangar à manioc» pour accomplir leur devoir citoyen. C'est ici, à