De l'anaphore comme signe d'une métamorphose. Le 2 mai 2012, en conclusion du débat télévisé de l'entre-deux-tours, le candidat socialiste répète seize fois «Moi, président de la République…» en trois minutes devant un Nicolas Sarkozy sans voix et 17 millions de téléspectateurs. Il le dit et cela paraît comme une évidence. Mais cela n'a pas été toujours le cas. L'Elysée, «je m'y suis préparé». Tel est le mantra que répète François Hollande. «J'ai pris la route, à mon rythme, sans tenir compte des pronostics, des coteries, des commentaires goguenards de ceux qui prévoient tout et qui ne voient rien.»
En plus d'un an, celui qui est devenu hier le second président socialiste de la Ve République après François Mitterrand a accompli une mue personnelle et politique. Rien de mystérieux ou de mystique, mais un parcours jalonné d'étapes, toutes pensées et balisées par l'intéressé à partir d'une analyse politique qui s'est révelée gagnante.
La maturation
Le 12 janvier 2011, Libération titre «l'outsider» et demande : «Et si c'était lui ?» Avec un gros point d'interrogation. Car, si le député de Corrèze enregistre une progression dans les sondages parmi les sympathisants socialistes lassés des atermoiements de Dominique Strauss-Kahn, l'alors patron du Fonds monétaire international (FMI) reste très loin devant lui. «Il n'y a pas de candidat providentiel», martèle Hollande, qui oppose à la volatilité des sondages sacrant son rival