Menu
Libération
Interview

«Depuis 1983, la gauche s’inscrit dans la durée»

Article réservé aux abonnés
Professeur d’histoire, Michel Margairaz revient sur les précédentes accessions du PS au pouvoir :
publié le 6 mai 2012 à 19h26
(mis à jour le 6 mai 2012 à 19h26)

Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris-I, Michel Margairaz travaille sur la gauche et l'économie au XXe siècle. Il revient ici sur les expériences précédentes d'accession au pouvoir de la gauche.

Très prudent, François Hollande n’a pas fait de promesses inconsidérées. Est-ce une première au regard des précédentes campagnes victorieuses de la gauche ?

C'est en effet un peu différent des précédents sous la Ve République. Notamment de 1981 quand le programme présidentiel s'appuyait sur un programme commun, dont la partie élaborée par les socialistes était titrée «Changer la vie», dans une perspective de grande transformation, de rupture avec le capitalisme. C'est un débat à l'intérieur de la gauche. En 1981, la «première gauche» regroupée autour de François Mitterrand était favorable à cette perspective transformatrice. Avec Michel Rocard ou Jacques Delors, une «deuxième gauche» défendait une autre attitude, elle voulait promettre moins mais tenir plus. Ce second courant semble l'avoir progressivement emporté au Parti socialiste, et François Hollande s'y inscrit. Minoritaire en 1981, ce courant a pris un ascendant décisif avec le ralliement de Pierre Mauroy en 1982-83. Le contexte international de grave crise a sans doute joué aussi un rôle dans le choix de Hollande pour cette campagne.

La gauche a-t-elle souvent gagné par temps de crise ?

Rarement la gauche est arrivée au pouvoir en situation très calme. En 1936, se combinaient une crise économique, une crise internationale et une crise politique. 1944-47 ne saurait être qualifiée de période calme. En 1956, la France connaît la croissance mais aussi la situation algérienne, et une instabilité fin