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Libération
Interview

«Il ne faisait pas le chef, il aimantait autour de lui»

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Michel Sapin Ancien ministre socialiste de l'économie, député de l'Indre:
publié le 6 mai 2012 à 20h07

«J’ai fait mon service militaire avec François Hollande, ou plus exactement, la partie qu’on appelait à l’époque les classes, à Coëtquidan, et la formation d’élève officier à l’école d’application du génie d’Angers. On était dans une chambrée de six ou huit personnes, qui devaient partager leur intimité et respecter une certaine discipline.

«François Hollande avait déjà une qualité exceptionnelle d’entraînement, il ne faisait pas le chef, mais il aimantait autour de lui. Il avait une capacité à animer les conversations et une très grande résistance physique. Il nous arrivait de nous entraîner. On a passé de nombreuses nuits ensemble sous la tente entre janvier et mai. François était très endurant, et moi aussi. Y compris pour l’exercice de course, d’orientation et de commando. Mais il avait une petite faiblesse dans la capacité à ranger. La personne la plus redoutée était l’adjudant qui inspectait la chambre avant que l’on ne parte en perm. Et les adjudants étaient particulièrement sensibles à ce que les lits soient faits au carré et les armoires rangées. Je rangeais son placard, mais il se plaignait de ne plus s’y retrouver !

«On parlait politique. François Hollande, et d’autres avec nous, était passionné par la chose politique, le service de l’Etat. A gauche, bien sûr. Il était arrivé dans le combat à gauche par la campagne unitaire de 1974. A l’époque, il était très première gauche, très mitterrandien, favorable à l’union de la gauche. Et moi, j’étais très deuxième gauche,