Après le gros succès du Labour aux élections locales britanniques, jeudi, la victoire de François Hollande pourrait marquer le début d’un retour du centre gauche en Europe. Entretien avec Olaf Cramme, directeur du think tank international Policy Network.
Un tournant s’amorce-t-il ?
Les populations européennes sont de plus en plus frustrées avec les gouvernements de centre droit. C’est un peu la deuxième manche, après la crise financière. La première avait vu le centre droit se positionner comme étant le mieux placé pour gérer la crise. Quatre ou cinq ans plus tard, ce n’est plus le cas. Nous passons maintenant à la deuxième manche.
S’agit-il donc, en France comme au Royaume-Uni, d’un vote sanction ?
L'électorat européen reste très peu convaincu par le modèle de gouvernement du centre gauche. Le risque d'une très forte déception après une arrivée au pouvoir est grand. Au Royaume-Uni, la large victoire du Labour aux élections locales, jeudi, ne se traduit pas par un regain de confiance. L'électorat reste très sceptique face à la capacité d'Ed Miliband [le chef du Labour, ndlr] d'être un meilleur Premier ministre que le conservateur David Cameron. Les conservateurs sont encore, en dépit du désaveu des élections, considérés comme plus compétents en matière d'économie. Le Labour a plus gagné par défaut, parce que le gouvernement conservateur a commis récemment une série d'erreurs qui ont marqué les esprits.
Que manque-t-il donc au centre gauche pour susciter l’adhésion ?
Tony Blair et son équipe avaient vraiment une vision pour l’avenir. Celles d’Ed Miliband etde François Hollande restent encore difficiles à percevoir. La désillusio