«C'était un soir de décembre 2005. Les émeutes avaient embrasé le pays après la mort de Zyed et Bouna, les deux adolescents électrocutés à l'intérieur d'un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois [ils tentaient alors d'échapper à un contrôle de police, ndlr]. J'étais l'avocat des familles. François avait l'intention d'aller les saluer dans cette ville de Clichy qui portait le deuil. A cette époque, il était premier secrétaire du Parti socialiste. Nous sommes donc allés avec le maire, Claude Dilain, à la cité du Chêne-Pointu.
«On a rencontré la famille du jeune qui a survécu après avoir été grièvement blessé, et les parents des deux enfants décédés. Pendant ce moment où nous avons pris le thé avec eux, François était d'une grande pudeur. Les parents étaient bouleversés par sa venue. Puis nous nous sommes promenés dans la nuit, toujours tous les trois. Les gosses croisés dans la rue n'en croyaient pas leurs yeux, ils n'arrêtaient pas de répéter : "Monsieur Hollande, monsieur Hollande, qu'est-ce que vous faites là ?"
«Et ce n’est pas tout. Il tenait à rendre visite aux sapeurs-pompiers, les militaires. Ce soir du 23 décembre, François tenait à manifester sa présence, leur dire qu’il comprenait que tout ça était extrêmement difficile pour eux aussi. J’ai été moi-même bouleversé par ce geste de réconciliation envers tout le monde. Surtout, il a fait ça dans la plus grande discrétion, dans une complète intimité : il n’y avait pas de journalistes, pas de caméras ce jo