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EDITORIAL

Enfin

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François Hollande est élu président de la République avec 52% des suffrages
Logo Libé Brillon Dessin croppé (Alain Brillon)
publié le 7 mai 2012 à 1h52

La joie. La joie immense. Celle de voir une parenthèse se refermer, une malédiction se dissiper. Et de quelle manière ! François Mitterrand n’aura pas été une anomalie de l’histoire mais le premier président de gauche. Il y en a désormais un deuxième : François Hollande. Pour le peuple de gauche, 2012 fait renaître 1981, redonne de la vie et des couleurs à ces images vieillies, sépia, qui semblaient condamnées aux livres d’histoire. Aux souvenirs intimes des anciens ou des gosses que certains d’entre nous étaient alors. 2012 efface aussi le 21 avril 2002, cette brûlure, cette blessure. Dix ans plus tard, le traumatisme d’avoir vu, un soir, la gauche rayée du paysage politique français est réparé.

Qu’est-ce que voter à gauche ? C’est se dire, en dépit de l’individualisme des sociétés contemporaines, qu’un «nous» existe. Que des idées comme la justice, l’égalité, le partage et la solidarité peuvent et doivent organiser la vie publique. Comme ces institutions et ces biens publics, créés par le Conseil national de la résistance, qui nous préexistent et nous survivront après nous avoir façonnés. Qu’il est possible, donc, d’aller contre les valeurs de l’époque pour faire vivre ce qui rassemble, au lieu de suivre la pente naturelle, d’écouter la petite voix qui parle en chacun de nous et engage à ne vivre nos vies que pour défendre des intérêts individuels. Dans une France abîmée, qui aurait pu faire le choix de se barricader derrière des frontières fantasmatiques en ressassant son