Trente ans: c’est le temps qu’il aura fallu à la gauche pour renouer avec ses fondamentaux. En 1981, François Mitterrand avait été élu comme candidat de la classe ouvrière et des jeunes, face à un Valéry Giscard d’Estaing associé aux diamants de Bokassa, qui tentait de faire peuple en jouant de l’accordéon dans les bals du troisième âge. Puis l’image de la gauche s’est brouillée.
D'abord par Jacques Chirac et sa «fracture sociale» de 1995. Puis puis par Nicolas Sarkozy qui se posait en 2007 en champion d'un peuple aspirant à «travailler plus pour gagner plus» face à une gauche «boboïsée» alliée aux bataillons de fonctionnaires arc-boutés sur leurs privilèges. Jusqu'à la fable du 1er mai, où Nicolas Sarkozy prétendait incarner une droite populaire défendant le «vrai travail» contre une gauche des élites et des assistés.
Notre sondage post-électoral réalisé par Viavoice pour Libération (1) remet les pendules à l'heure. «C'est l'échec de la tentative de Nicolas Sarkozy de fédérer les Français les plus modestes contre les élites», souligne François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice. Révélateur: quand on interroge les Français sur les raisons du vote sanction contre Sarkozy, la première réponse est «il est le président des riches» (53%). Et s'il a été battu, la crise n'y