Il y a eu un silence de quelques secondes… et puis les 32 ministres et secrétaires d'Etat, assis autour de la table du salon Murat, à l'Elysée, se sont levés comme un seul homme pour applaudir Nicolas Sarkozy. Mais, très vite, le chef de l'Etat se lève à son tour pour interrompre l'ovation. Pas question de se laisser aller à l'émotion. Même pour le dernier Conseil des ministres du quinquennat. «Occupez-vous de vos familles, elles en ont bien besoin, elles ont eu les inconvénients de votre engagement en politique, vous les avantages. J'ai moi-même beaucoup fauté en la matière», vient de déclarer le président sortant. Quelques minutes auparavant, alors que Claude Guéant égrénait les résultats de la présidentielle, Sarkozy n'écoutait pas. Il parlait avec Michel Mercier, ministre de la Justice. Comme si la défaite était encore à vif. «Bien sûr que c'est douloureux pour lui, confirme un ministre, il ne voulait pas que tout cela s'éternise des siècles.»
Il s'agit de faire bonne figure. «Ne soyez pas tristes, ne nourrissez pas d'amertume, déclare le chef de l'Etat. On n'a pas le droit au ressentiment, mais on a un devoir de reconnaissance vis-à-vis des Français.» Puis, résolument philosophe : «On a des baux à durée limitée, c'est comme la vie.» Il revient quelques instants sur la campagne, se félicitant de «l'enthousiasme» «d'électeurs plus enjoués et plus sûrs de leurs convictions» que «certains professionnels de la