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Libération

La gestion de la haine et l’état de la grâce

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publié le 10 mai 2012 à 19h06

Dimanche après-midi, à quelques heures du terme électoral, conversation avec de vieux amis s'étonnant qu'on pût, à l'encontre de celui qui, à 20 heures sonnées, ne serait plus que le président sorti, entretenir un sentiment encore plus ou moins assimilé à de la haine. Ce couple d'humanistes old school, également électeur et électrice de François Hollande lors des deux tours de scrutin, tenait ce discours de gauche old style selon lequel on ne saurait s'abaisser à utiliser contre l'adversaire (à ce terme, je préférais celui d'ennemi) des arguments de son acabit.

Si ce propos était audible en son affirmation d'un principe moral, nous ignorions à cette heure à quel point sa fortune, que la soirée allait consacrer, révélerait ses limites. Sur toutes les ondes, toutes les chaînes et, le lendemain, dans tous les journaux, il ne fut en effet question que de la «dignité» très fair-play imprégnant le discours, à la Mutualité, de Nicolas Sarkozy. Ici, quelque chose dut m'échapper, puisque, au-delà des jappements de ses partisans plus enclins à la vengeance qu'à l'équanimité «républicaine» (1), j'y ai pour ma part surtout entendu une rancœur vicieuse, une amertume chafouine, confinant elles aussi à une forme de déni (2). Comme si, chaque fois, à chaque victoire très ponctuelle et relative, pour le seul plaisir de jouir d'un seul instant et au nom de notre bienveillante humanité, nous jetions aux orties les leçons de l'Histoire. Leçon numéro 1 : pour la droite,