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Libération
TRIBUNE

Par les yeux d’un Américain

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Tribunes 2012dossier
par Jake Lamar
publié le 10 mai 2012 à 19h06

Je ne vote pas en France. Il y a longtemps que je vis ici, j’ai une carte de résidence de dix ans, mais je n’ai pas encore demandé la nationalité. Aussi, la politique française, pour moi, c’est du sport télévisé. Bien que j’aie été obsédé toute ma vie par la politique américaine, je n’ai pas prêté grande attention à la scène politique française durant mes premières années à Paris. Comparés à la présidence rock’n’roll de Clinton et à l’investiture par la Cour suprême de Bush plutôt que Gore, la fin de règne de Mitterrand et le premier quinquennat de Chirac paraissaient compassés jusqu’à l’ennui. Un dimanche d’avril 2002, à 20 heures, j’ai entendu une clameur dans la cour de mon immeuble à Montmartre. J’ai allumé la télévision et vu la photo de Le Pen s’afficher à côté de celle de Chirac. La politique française était sortie de sa léthargie pour prendre des allures terrifiantes.

A l’exception des questions graves telles la guerre et l’économie, l’immigration, la sécurité et la justice sociale, ces dix dernières années ont été - pour l’écrivain que je suis - un spectacle passionnant. En tant que ministre, puis président, Nicolas Sarkozy a été un personnage à la flamboyance théâtrale. Qu’il soit finalement tombé victime de ses défauts de caractère autant que de sa politique est l’essence même de la tragédie comme de la comédie. La chute de Dominique Strauss-Kahn est riche de matériaux tant pour une satire sociale que pour un thriller politique. La transmission du flambeau de l’int