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Libération
TRIBUNE

Sarkozy va leur manquer…

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publié le 10 mai 2012 à 19h06
(mis à jour le 10 mai 2012 à 19h06)

Pour rassembler un peuple, disait Freud, il faut lui donner un objet d’exécration qui canalise sa rage. Nicolas Sarkozy a été pendant cinq ans l’ennemi intérieur de toute une partie de la France. L’animosité à son égard est allée d’emblée à la personne et à son physique et non au chef de la droite proprement dite. Est-ce sa morgue, son arrogance de classe, son mépris des faibles, son goût de la confrontation ?

Toujours est-il que les humoristes ont raillé ses talonnettes, sa taille, ses amours contrariées, sa démarche chaloupée. Dans un Hexagone confit dans l’antiracisme de convenance, les moqueries envers sa petitesse ont constitué la seule exception permise.

D'origine hongroise, un quart juif, Sarkozy avait toutes les caractéristiques du cosmopolite qu'on peut accabler parce qu'il n'est pas de chez nous. A son endroit, toutes les censures ont été levées, aucune discrimination n'avait d'importance. On l'a comparé aux pires personnages de l'histoire du XXe siècle, Pétain, Hitler, Franco, Mussolini et j'en passe. Mais en suscitant cette formidable acrimonie, il a sauvé aussi tout un pan de la presse et des médias. Sans lui, aucun des grands quotidiens et hebdomadaires de l'opposition n'auraient connu de tels tirages. Sur qui vont-ils s'acharner maintenant ?

Comment un magazine tel que Marianne va- t-il survivre, privé comme il est de sa tête de turc favorite ? Sarkozy a fait plus fort : il a participé à la résurrection des morts. C'est grâce à lui, par exempl