La victoire de François Hollande ressemble à une ruse de l'histoire. La gauche l'emporte alors que la campagne électorale et le premier tour de l'élection présidentielle ont confirmé que la France demeure idéologiquement marquée à droite. Bien plus, c'est désormais une droite totalement décomplexée qui donne le la du débat politique. On a, par exemple, demandé à plusieurs reprises au candidat socialiste s'il y avait «trop d'immigrés en France». Il aurait pu refuser de répondre à une question aussi tendancieuse ou suggérer aux journalistes qui la lui posaient de se mettre un instant à la place de ceux qui devraient se sentir «en trop». Prudemment, il a choisi d'improviser une réponse. Comme si le moment n'était pas encore venu de déconstruire les pseudo-évidences qui structurent la politique française depuis au moins cinq ans.
Cette élection dans un contexte idéologique aussi hostile à la gauche doit beaucoup à l’antisarkozysme. Cela n’a rien de très original : toutes les alternances se sont faites sur le discrédit des équipes sortantes. La vraie question est de savoir de quoi l’antisarkozysme est le nom. Le résultat du Front national indique malheureusement que le rejet des lois sécuritaires, de la politique d’immigration et des tendances autoritaires de ce quinquennat n’en constitue pas le principal vecteur. Il est plus probable que Nicolas Sarkozy a perdu l’élection