Sociologue et historien, Nicolas Mariot est chercheur au CNRS. Observateur de l'institution présidentielle, il en a tiré deux ouvrages, Bains de foule en 2006 sur les voyages présidentiels en province et C'est en marchant qu'on devient président en 2007, aux éditions Belin. Il décrypte la première journée du 24e président de la République française et 7e chef de l'Etat de la Ve République.
Comment analysez-vous les premiers pas du président Hollande ?
Il faut élargir ce moment particulier qu'est la passation de pouvoir à ce qui s'est passé depuis sa victoire. En retournant faire ses adieux dans son fief électoral de Corrèze, le nouvel élu a renoué avec une tradition que Nicolas Sarkozy n'avait pu honorer en étant un élu limitrophe de la capitale, dans les Hauts-de-Seine. François Hollande est allé dire au revoir à sa «petite patrie» dont il s'est progressivement détaché durant ces dix jours pour rejoindre la grande patrie qu'est la France. Il aura marqué le passage de l'une à l'autre dans une thématique d'unité nationale très IIIe République. Il n'est plus l'élu d'un territoire, mais de toute la nation et de l'ensemble du peuple français.
On l’a senti très solennel à certains moments de cette passation de pouvoir…
C'est le protocole qui veut ça et c'est d'ailleurs bien plus notre regard sur le personnage qui a changé que son comportement. La force d'une institution, c'est de faire en