Du trottoir d'en face, entre les barrières et les vitrines des boutiques de luxe, ils n'ont pas vu grand-chose. L'une a repéré la «tignasse blanche et bouclée» de Lionel Jospin, sa voisine croit avoir aperçu «le profil» de François Hollande derrière la vitre teintée. «J'ai applaudi mais je ne suis pas sûre que ce soit lui!», se ravise, perplexe, une septuagénaire sur la pointe des pieds. «Si on avait voulu voir, on serait devant notre télé mais ce sont des choses qu'on ressent, on devait être là. Pour le vivre», se retourne Colette. «Enfin le revivre... après 1981», se reprend la fonctionnaire venue de Beaucaire spécialement pour la passation de pouvoirs de 15 mai. «Avec Mitterrand, on avait plus de rêves et d'espoir. Là, la joie est plus lucide», compare-t-elle, avant d'aller à pied place de la Concorde.
Militant PS de Houilles, Tidjanu ne se voyait pas non plus rater «ce moment de partage». Ce matin, il a déposé les enfants à l'école et a décroché, chez lui, le portrait de campagne de Hollande dans un cadre doré, surmonté du fameux «moi Président» écrit au Stabilo rose. «Il l'a dit 15 fois, maintenant il y est», rit-il en brandissant le tableau. «On est venus spontanément, les autres ont reçu des SMS», moque Alain. Fonctionnaire à la commission européenne, il a voté Mélenchon au premier tour et se réjouit de la présidence Hollande «au nom du rassemblement», mais s'agace du br