Il y a de l'équilibre dans le hollandisme, mais pas seulement : à la stricte parité promise, s'ajoute un profond renouvellement des élites politiques, incarné par une forte présence d'élus de terrain. De même, François Hollande a fait ses choix en homme d'Etat, rendant sans objet toute tentative de marchandage politique, comme en témoigne l'absence de Martine Aubry. Cette équipe pourtant, dans sa composition comme dans sa géographie, ne dessine pas spontanément un grand dessein politique ou une ligne de conduite claire et réformatrice. Il faudra donc la voir à l'œuvre et la juger sur sa capacité à inventer pour la gauche une nouvelle manière de faire et de dire la politique. Longtemps, la gauche a gouverné avec des symboles. Ils ont été sa syntaxe, son vocabulaire, son mode de communication ordinaire. Obsédée par l'impératif de la durée, elle s'est adonnée trop souvent au double langage qui fut l'une des marques profondes du mitterrandisme et a continué de peser sur ceux qui lui ont succédé dans l'exercice des responsabilités. Face aux dures réalités, la gauche a eu tendance à s'abriter derrière des euphémismes dont la trop fameuse «parenthèse» de 1983, destinée à masquer le changement de cap économique, est restée dans toutes les mémoires. A force de ne pas théoriser sa pratique du pouvoir, elle a pris le risque de naviguer entre zèle libéral et archaïsme désuet. Elle a peiné surtout à expliquer à la société civile ses difficultés, ses objectifs, son action de tran
EDITORIAL
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par Vincent Giret
publié le 16 mai 2012 à 23h06
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